ça se rompt dans sa poitrine, c’est pas qu’il visait la normalité. il a toujours espéré tempêter en dehors des clous sauf que maintenant. maintenant ça faisait sens. le déficit, l’inégalité flagrante, les encouragements qui ne lui étaient jamais destinés. la négligence presque. il était là comme, un parasite. adorable parasite qu’on accepte par pitié plus que par envie. il a déchiré ce bout de papier en milliard. de rage.
c’est pas un drame, qu’il a dit. mais il s’est empiré mikey. c’est ce qu’ils ont dit quand ils sont venus le chercher, pour lui passer les menottes.
comme s’il était al capone ou escobar. comme si il était arrêté par de vrais policiers. il a hurlé, frappé, supplié sa mère.
- c’est pour ton bien.
c’était pas pour son bien c’était pour le sien. c’était pour effacer l’ardoise, la honte d’être tombée dans d’autres filées que ceux de son époux. foutu amour. débile. puéril. incompréhensible.
ses phalanges s’écrasent sans distinction dans les poitrails qui s’alignent pour l’immobiliser au sol.
il a que quinze ans.
c’est pas une chance, c’est un abandon déguisé. il est pas comme eux. comme ceux qu’il côtoie tous les jours. il a rien fait.
rien de ce qui est sur la brochure et qu’on s’empresse de donner aux parents. solution miracle, transformation garantie.
moyennant une coquette somme.
fallait rien discuter aux instructeurs.
mais mikey il a espéré, il s’est vu plus beau qu’il ne l’était. différent. il était pas fou, ni drogué, ni violent. il a jamais effleuré les couloirs d’un tribunal pour mineurs. il s’est naturellement dit qu’il méritait un traitement faveur. qu’il pourrait ne pas courir dix kilomètres sous quarante degrés.
au bout du troisième jour il s’est effondré d’épuisement, les poumons pleins mais le cœur vide. il a refusé de se lever. il a arrêté d'acquiescer - alors il s’est pris la matraque, au creux des côtes.
- j’vais te donner une bonne raison de pas courir.
est-ce qu’il y avait une bonne raison ? autre que celle consistant à se faire tabasser devant le groupe.
il est resté alité pendant deux semaine.
il est rentré chez lui que deux ans plus tard.
- j’suis infiniment reconnaissant, pour tout. c’était un mensonge. mais il a jamais pu reconnaître la vérité, pas à sa mère. à peine à sa sœur.
il pouvait en parler des heures, il pouvait même feinter la nostalgie.
il a jamais aussi bien menti que le jour de son retour. mais il n’a jamais pardonné d’être le fils de personne.  

elle encadre son visage de ses deux mains alors qu’il est penché au-dessus d’elle. à moitié nu, on pourrait presque l’entr’apercevoir perdre de sa superbe. devenir affreusement banal. il ne lui faut que quelques minutes avant que sa lucidité ne foute le camp. elle sait quand il ment, elle fait seulement semblant pour ne pas le contrarier, d’y croire. persuadé de lui rendre service, c’est plus facile pour lui ; c’est surtout plus facile pour elle.
mikey, il sait bien raconter les histoires. il a ce souci du détail qu’ont les magiciens. le sourire et les bons mots. les mots qui réconfortent. les mots qui rendent plus fort.
c’est pourquoi il est aussi sociable, parce qu’il fait ressortir le meilleur des gens. c’est pourquoi il est aussi souvent parrain aux narcotiques anonymes. parce qu’il sait parler mieux que tout le monde, insuffler le courage de traverser la tempête.
- tu m’as menti. à ce stade c’est plus une question.
- j’ai perdu mon boulot... il y a deux mois. il est au moins désolé de lui apprendre, encore plus de faire lui-même le constat à haute voix.
- tu l’as pas perdu, t’as arrêté d’y aller. c’est différent.
- je m’ennuyais, la boîte va fermer de toute façon. j’ai juste... monnayer mon licenciement. elle le repousse lentement alors qu'il s'effondre sur l'autre côté du lit.
- la boîte ferme dans combien de temps ?
- d'ici cinq à six ans peut-être.

$$$ son assurance voiture -
$ une énième biographie de bob dylan -
$ un tacos indigeste -
$ un café à $3 -
$$$$ un foutu cadeau de mariage -
$$$ une nuit d’hôtel en bord de mer -
$ des clopes -
$$ le dernier album des red hot -
$ un pseudo bouquin engagé qu’il se donnera pas la peine de lire -
$$ le dernier call of duty -
$$$$ un nouveau frigo -
$ un café à $3 -
$$$ une montre pour couler son compte en banque -
$ les croquettes du chien qu’on oublie -
$$ un bordeaux français -
$ netflix, ocs, etc: faut bien qu'il suive game of thrones comme tout le monde -
$$$ perdre $200 au poker -

12/02 ‹ mom’s birthday
14/02 ‹ dad’s birthday, what a shame i forgot
04/06 ‹ wedding anniversary
26/06 ‹ divorce anniversary (first wife)
20/08 ‹ ‘party hard’ birthday
29/09 ‹ 7 years without drugs

emmener son père à l’hospice - attendre patiemment le malheur des autres - passer une année sans prendre une amende pour excès de vitesse - pouvoir réparer une étagère sans se casser un truc - rejouer au basket - visiter paris - se garer sur la pseudo place de parking de ses voisins - faire semblant de perdre le chien - s’excuser auprès d’ode - faire enrager son ex - perdre moins d’argent au poker - regarder toute la filmographie de kurosawa et fassbinder (pour fermer des bouches) - apprendre de nouvelles insultes - ne pas casser trois fois son écran de smartphone en six mois - changer de boulot - obtenir une promotion - vomir toute sa haine à un repas de famille - aider son groupe de narcotiques anonymes - pardonner à son frère - regarder moins de porno - faire plus la cuisine - moins râler au supermarché - être un peu plus aimable le matin - se taper un mec pour par mourir con - apprendre des tours de magie - gravir la muraille de chine - ne pas mettre ses chaussettes en boule dans le panier à linge - finir breaking bad - faire de meilleurs cocktails

< gneugneu ‘tu montres pas assez tes sentiments’ ‘tu te dévoiles pas’ mdr niquez vos grosses races ok parce que quand j’le fais vous m’la mettez à l’envers alors allez vous faire enculer. > s’il avait vingt ans de moins et un compte twitter il posterait sûrement un message de ce style mikey.
heureusement il a quarante ans, qu’il sait user de phrases toutes faites.

real eyes
realize
real
lies.

i’m not totally useless.
i can be used as a bad exemple too.

are you in a film or in reality ?

im in love with the way you say my name.

i just want to lay in bed with you in our underwear and make out, watch movies and fuck like 3 or 10 times.

and don’t touch yourself inappropriately. that’s my job.

faire sourire, dire des conneries, pour passer l'temps.
pour oublier à quel point c'était important.

≈ i wanna be your dog, the stooges.
≈ come together, gary clark jr / junkie XL.
≈ cars, gary numan.
≈ west end girls, pet shop boys.
≈ can't stand losing you, the police.
≈ sweet dreams (are made of this), eurythmics.
≈ need you tonight, INXS.
≈ head over heels - dave bascombe 7", tears for fears.
≈ can't stop, red hot chili peppers.
≈ spellbound, siouxsie and the banshees.
(les années 80, sa passion).

le bonnet qui quitte rarement le haut de son crâne quand il s’engouffre dans le froid de l’hiver ou sous la pluie automnale. / ses cheveux en bataille, c’est pas aujourd’hui qu’il va parvenir à en faire quelque chose. n’empêche qu’il guette inquiet le moindre signe de calvitie. / son tatouage des red hot dont il est particulièrement fier / sa collection de montres qu’il ne porte qu’occasionnellement / une ancienne batte de baseball ayant appartenu à jackie robinson / certainement pas le peu de points à sa disposition sur son permis de conduire / son mètre 96, ça lui épargne d’être emmerdé pour un oui ou pour un non / sa bibliothèque qui fait de lui un homme d’art et de lettres. en vérité il a pas l’temps de lire / l’intégral de game of thrones / sa collection de vinyles qu’on tente de lui racheter à chaque fois / la batterie qu’il a installé dans son garage sans qu’il ne soit pour autant particulièrement doué, mais il se débrouille merveilleusement quand il s’y met sérieusement (c'est à dire pas souvent)