y'a un souvenir marquant. le truc dont elle se souvient encore clairement. images qui la hante presque. la fois où sa mère était venue la chercher à l'école. elle avait sept ans. c'était un vendredi. maman, elle a tapé une crise au beau milieu de la cour, pour rien. personne n'a su pourquoi. ni même de quoi c'est partit. tous les regards se sont tournés vers nur. nur qu'a baissé la tête. plus grosse honte de sa vie.

son rêve de cette nuit. c'est pas à proprement parlé un souvenir -puisqu'elle ne l'a pas vécu. mais elle s'en souvient nettement. elle, pieds nus au beau milieu de la ville. ça fais des semaines qu'elle doit aller voir c'que signifient les rêves où on s'retrouve sans chaussures.

bouquin pour les cours d'la plus jeune, 15 $
pilule, 25 $
pâtes x 2, 1$
pain de mie, 1$

tout est répertorié dans un bouquin, tout ou presque. l'compte de la gamine qui frôle dangereusement avec le négatif dès la moitié du mois.

y'a des tonnes de dates qu'elle a retenu, nur. des tonnes d'anniversaire qu'elle souhaite chaque année. mais y'a des principaux. y'a des dates en rouges, encadrées en bleu ciel et surligné en vert.
-6 mai, nev.
-2 avril, plùm.
-17 juin, elle-même.

pas vraiment d'plans pour le futur. parce qu'espérer et n'jamais y arriver, ça fait trop mal. parce qu'elle a cette habitude depuis môme d'pas viser trop haut. alors y'a quelques trucs qu'elle réalisera sans mal avant d'mourir. avoir sa propre maison (sûrement en location, faut pas s'leurrer), avoir deux gosses, trouver un boulot qui lui plaira. mais y'a un truc qui reste là, dans un coin de sa tête. un truc tout con au final. un saut en parachute. juste ça.

«tout va bien et tout est comme cela doit être».
«fais de ton mieux et n'oublie pas».
«pardonne mais n'oublie pas».

 dans ses favoris sur son téléphone, y'a un site de vêtements (la page d'une paire de chaussures qu'elle ne s'offrira jamais), y'a le site du journal local aussi. un site de streaming et un site pour télécharger
- illégalement - des musiques.