y avait ta mère frida, assise dans son fauteuil en tissu vert sale devant la télévision. elle sentait toujours ce mélange d'odeur de friture et de cigarette. et puis elle hurlait, souvent, avant de glisser entre ses lèvres ternes des poignées d'anti-dépresseurs. parce que dans l'appartement, les enfant hurlaient. six gamins de pères tous différents. six tempêtes lâchées dans son univers de femme qu'aurait préférée être tranquille. tu t'en rappelle frida, de ta mère, avec ses yeux fatiguée, quand elle se mettait à beugler dans la maison que vous lui pourrissiez tous la vie. toi tu disais pas grand chose, tu couvrais les oreilles des cadets pendant que tes frères belliqueux lui hurlait son incompétence. ils étaient forts, tellement plus fort que toi. grands comme personne, avec cette fascinante capacité à abattre leurs points sur le moindre ennui. ils étaient là, tout le temps, à protéger ton corps de môme, toi la seule, mais surtout toi la seule pas si noire que ça. l'enfant à la peau métissée. le mariage d'un amour passager. ta mère répétait pourtant qu'elle avait aimé ton père. qu'il avait les cheveux blond, et qu'il était si différent d'elle. un héro pour ton coeur d'enfant frida. l'image désirée d'une personne pourtant disparue.

le chao de l'ivresse, et les mains baladeuse d'un type tout aussi saoul que toi. tu te rappelles frida, de son parfum qui sentait le mauvais désinfectant. il te filerait presque la germe, ce souvenir, son souvenir. tu te rappelles des lumières en néons, des corps qui se bousculent, et du bruit bien trop fort. tu te rappelles et tu te sent minuscule frida. Minuscule et tellement sale. alors ce soir tu t'en iras boire. ce soir et les suivants.

x un paquet de cigarette mentholées.
x un lot de culotte en promo au supermarché du coin.
x des barres de chocolat et des céréales.
x des billets envoyés à son frère ainé qui ensuite s'occupe des plus petits.
x un ticket de bus.

tu fais pas vraiment attention frida, la seule chose que tu regardes, c'est que malik reçoive tous les mois la somme d'argent que vous aviez convenu. partir c'était une chose, mais abandonner les autres ça t'aurait fait bondir le coeur. alors t'as des dettes, un peu, parce que tu gagnes pas assez pour toi et puis les autres. c'est pas vraiment important. pas pour le moment.

16 décembre : malik
23 novembre : amhed
03 février : madame dolliver
04 février : hollie
15 juillet : frida
30 janvier : gagik
17 septembre : kaleb

t'as pas vraiment de projet frida. tu pourras chercher un travail mais tu saurais même pas vraiment pas où commencer. tu pourrais te poser, juste un instant, et trouver des rêves pour animer ton coeur inerte. mais tu le fais pas frida. D'avance vite, trop grand et surtout trop fort. tu t'ennivres d'images que tu oublie au petit matin, tu te persuade que tu ne vaut rien, rien du tout. fille de rien, gamine de nul part, persuadée de ne pas valoir beaucoup plus de valeur aux yeux du monde qu'un vieu paquet de kleenex. fille de la nuit, lumineuse au regard brulant, enfant sauvage aux pieds nus. princesse beaucoup trop discrète le jour, t'évertuant à ne pas faire de bruit. toi t'es frida, la frida qui disparait trop vite et dont on pourrait tomber amoureux cent fois si tu laissais aux autres la possibilité de le faire. mais ça te fout la trouille frida. la solitude, les autres, l'amour. tout te fout la trouille, alors tu prends la fuite.

« Tout ce que je sais, c’est que tous ceux dont j’ai parlé me manquent pour ainsi dire [...] C’est drôle. Ne racontez jamais rien à personne. Si vous le faites, tout le monde se met à vous manquer. » J.D Salinger

gun's n roses - sweet child o mine
the clash - london calling
of monstrers and men - dirty paws
bon iver - flume
nina simone - feeling good

t'aime les livres frida, vraiment trop. la journée, t'es là, la tête plongée dans des romans que t'as déjà lu cent fois. mais t'y retourne, tête baissée, persuadée que ces histoires là ne pourront jamais être pour toi. - tu te balades frida, le matin, tôt. pieds nus dans l'herbe, tu ramasses des plantes que tu fais sécher dans ta bibliothèque. c'est ta mère qui t'apprenait quand t'étais gamine. le seul truc qu'elle t'a appris. l'art des plantes et des tisanes. - tu bois trop, tellement trop. - t'aime les causes perdus, les chats à la rue, les cabots galeux. tu les ramène et puis finalement tu leurs trouve des endroits où vivre bien loin de toi. parce que toi frida tu fais crever les poissons rouge. - tu portes autour de ton coup une vieille bague sans valeur. un cadeau de ton frère qui t'a fait promet de jamais la perdre. alors malik est là, toujours. tellement plus fort que toi frida.