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 vitrine (ode à la haine)

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Mikey Renton
Mikey Renton
le prince rafale sur le roi ☽

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MessageSujet: vitrine (ode à la haine)   vitrine (ode à la haine) EmptyMar 4 Sep - 16:55


j'propage le virus et j'vends le vaccin.

il recrache ses céréales l’espace d’un instant. le bruit le tire de sa contemplation matinale. le numéro est inconnu - il fronce les sourcils machinalement avant de scroller sur la droite.
il est treize heures, environs treize heures. faudrait pas que le temps presse son appétit. c’est pas comme s’il sautait un repas par jour pour traîner au lit jusqu’à midi.
fallait pas démissionner.
ouaip, il plante deux aspirines dans l’fond d’son verre. se penche clope au bec, déjà, au-dessus du grille-pain. il devrait pas fumer à l’intérieur, mais elle était pas là alors. il ouvrirait plus tard. il était même pas censé fumer tout court d’ailleurs.

il pose son téléphone après un très court instant, tapote nerveusement contre la table de la cuisine.
est-ce qu’elle avait manigancé derrière son dos pour lui trouver un job ? c’est évident. ça faisait des semaines qu’il faisait semblant. faut croire qu’elle avalait de moins en moins ses conneries. ou alors, il était juste, de plus en plus mauvais. il saurait pas dire. il saurait pas dire si il est ravi ou ennuyé par cette nouvelle: un entretien d’embauche dans quoi ? moins de deux heures. quel employeur fait ça ?
il soupire, balance nonchalamment son bol dans l’évier avant de se précipiter dans la salle de bain.
pas encore l’intention de finir gras du bide, enfoncé dans un fauteuil bien trop confortable à mater des rediffusions de matchs de baseball bière à la main.
il méritait mieux mikey, il méritait mieux parce qu’il était intelligent et sans scrupule. fiable, intransigeant, perfectionniste. qu’il ne craignait pas de prendre une mauvaise décision.
de stagner, de faire comme si tout allait bien.
faut pas se fier aux sourires.
faut se fier aux regards.

à l'orgueil qui traverse son reflet dans le miroir. l’enveloppe charnelle d’un lendemain pluvieux. il y a simplement plus l’espoir de faire apparaître autre chose qu'un fantôme. d’être déprécié pour son défaut de fabrication. plus aimé de personne. peut-être qu’il est plus vide qu’il n’y paraît. peut-être qu’il y a même que dalle sous le capot. rien qui ne vaille le coup.
il prend sa douche, enfile une chemise en vitesse. pas son plus beau costume, faudrait pas qu’il soit présomptueux avant l’heure. il passe bien vingt minutes à se demander s’il devrait ou non porter une cravate et si oui laquelle.
à se demander si c’est important ou non. à imiter un mannequin sur une publicité. il déboutonne son premier bouton, pour faire cool et ouvert d’esprit.
et non pas adepte de théories fumeuses à la con.

pourtant, le silence est rompu après quelques minutes.
c’est pas un bruit agréable ou neutre comme la sonnerie de son téléphone, non. c’est un fracas catastrophé. il met pas longtemps à essuyer négligemment sa mousse à raser ici et là pour accourir au rez-de-chaussée. son regard se porte automatiquement sur la place de parking abandonnée en face du garage résolument vide. le chien est dehors à le regarder avec des yeux de merlan frit. il aboie pas. alors mikey comprend pas trop. mikey ouvre chaque porte une par une. jusqu’à la chambre d’ode. où il reste suspendu à la poignée.
ah.

silence.

il la regarde, pas vraiment avec envie. c’est comme, un mirage qui fait la gueule. évidemment qu’elle espérait pas tomber sur lui, il est pas aussi naïf mikey. il va pas la serrer fort dans ses bras pour respirer le parfum de ses cheveux.

elle a cassé le carreau. évidemment, qu’elle a cassé le carreau. elle s'en fout.
- je croyais que c’était ta maison et pas la mienne. il fronce les sourcils presque curieux de la voir apparaître au beau milieu de l’après-midi. évidemment que c’était chez elle.
et évidemment aussi qu’elle devrait avoir les clefs.
pourtant on a pas idée de donner une pierre à une enfant.

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Ode Taylor
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MessageSujet: Re: vitrine (ode à la haine)   vitrine (ode à la haine) EmptyMer 5 Sep - 13:01



Some of them want to abuse you
Some of them want to be abused.


Brisement du carreau qu’on explose. Et pas que ça. Décombres à tes pieds, décombres dans le palpitant qui bat mille fois plus vite que cinq secondes auparavant. Charge d’adrénaline désagréable et cette impression tenace de se faire voleuse dans sa propre maison. Tu martèles les débris sous ta semelle, le verre ne se fracasse qu’un peu plus mais ne provoque qu’un vague haussement d’épaules. Lueur familière de chandeliers trop fragiles, trop couteux, ça éclaire tes pas qui évitent soigneusement le bureau, la cuisine où trône encore sa chaise, les photos encadrées dans le vestibule. Vestiges qui te donnent des hauts le cœur.

Pour la première fois, tu t'emmitoufles dans ta nouvelle ombre. Tu sais qu'elle est censée t'aider, mais tu ne sais pas comment l'utiliser.
Enfin, c'est la tienne.
Tu te l’es donnée,  quand elle t’a rayé de l’équation familiale.
Elle te fait un peu moins peur que toutes celles qui sillonnent la maison, qui comme des lames se plantent dans les portes. Et dans le lavabo de la salle de bain, et dans le crâne de ceux qui s'y lave les dents. Elles font mal comme des coups de soleil sur les yeux. Elles diffusent deux produits très toxiques pour le cœur troué que tu balades : d'abord du vide visible et ensuite des souvenirs de vie de toi ici.
Les deux cumulés, ça arrache la gueule.

T’es pas là pour vriller radio nostalgie, ta musique intérieure grince déjà des dents. Traquée d’une agonie crampon depuis trois mois, le manque te ronge plus cruellement que ces neuf dernières années, ça a jamais fait si mal. L’effroi quotidien de la réalité. Celle dans laquelle il n’existe plus. Flanquée de pépites d’espérance tu traverses les âges jusqu’au mémorial planqué sous les toits, une dimension parallèle entassée en château de cartons. Tu les ouvres vorace, avalant les reliques avec les toiles d’araignée, tentation vaine de se repaître d’un autre temps.
Avant est un pays magique.

Emmitouflée dans son vieux cuir, deux fois trop grand pour toi, tu retraces tes pas dans le chemin inverse. Repars les bras chargés du tombeau des lucioles.

La volonté soudaine piquée par une ancienne ennemie, une brume passagère qui te chatouille les coins des côtes, si bien que le bruit de l’eau qui coule en est éclipsé. Gommer les alentours, aux prises avec l’envoûtement de la chambre rose. La porte à peine poussée que t’assistes impuissante à l’éclosion des papillons noirs, intacte mais dépossédée de tes couleurs la grotte de ton enfance est devenue mausolée. Qu'est-ce qu'on devient quand on oublie les connexions enfantines, quand on les range dans un coffre du cerveau et qu'on ferme à clef comme un grenier pour jouets cassés ? Puis, qu'est-ce qu'on devient lorsqu'on laisse s'évaporer ses propres rêves, quand on les regarde s'éloigner comme des petits nuages blancs emportés par la brise, ces fameux rêves qui irriguent l'espoir et toute la machine à pétiller de l'esprit ? Et encore, qu'est-ce qu'on devient quand tout ça s'assèche petit à petit ?... T’effleure les livres, la boîte à musique, le diadème de reine de promo en lambeaux. La poussière comme marraine bonne fée. Y’a la pièce pour lui. La pièce pour toi. Madame Furie coule dans tes veines, amère d’être enterrée à deux pas de leur chambre à coucher.

Pourtant dissimuler le malaise intérieur. Tu sais faire. T’as appris.
Quand ton père fut parti, définitivement parti, c'était trop tard pour changer de vie. Chacun y tenait un rôle et t'étais devenue ce petit lutin charmant qui ensorcelait les hommes et menait la danse pour ne pas être scalpée.
Quand l’autre est arrivé t’as enfoui au fond de toi ta rage, ton courroux, ton impuissance à réconcilier ton monde, ta méfiance envers ce beau sentiment qu'on appelle « amour » et qui ressemble si fort à la guerre.

Les yeux se lèvent. Sur le reflet déformé. Sur les cendres recouvrant la glace. Sur l’anatomie pénible derrière tes contours vagues.
Sur l’autre.
L’autre, l’étranger avec un E majuscule. Si grand qu’à l’époque déjà il prenait toute la place.
Encore aujourd’hui il envahit le miroir et dépasse sur ta silhouette.

Statique, immobile, tu le contemples à travers le rétroviseur. Pas le contemples, le toises. Guerrière d’1m63 campant ses positions. Les mots, terrible raz-de-marée, te rappellent sa présence devenue immuable. Acquise. Tu bois la tasse.  Le syndicat des muscles tétanisés se manifeste. D'abord sourdement, puis les os se mettent à craquer. Et tes nerfs se tendent si fort que t’en perds l’équilibre. « Ça t’arrive de bosser ? dégage ça hurle presque. Tu devines pas encore que ce n’est pas le fruit du hasard. Que t’as mal choisi tes heures pour t’emprunter des airs de fantôme. Le sien hante toujours les lieux. Ombre t’engloutissant toute entière, te foutant des frissons. Y’a des croquemitaines comme ça, comme lui, qui défient le temps et la gravité, revêtent leurs pires costumes sous une apparence soignée. Impeccable. Fraîchement rasé. Odeur mentholée qui flotte entre vous, pas assez dense pour remplir l’espace. Un coin de menton négligé dans la précipitation que tu désignes arquant un sourcil « Tu saignes. ».. Non Ode. C’est toi, qui saigne.
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Mikey Renton
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MessageSujet: Re: vitrine (ode à la haine)   vitrine (ode à la haine) EmptyMer 5 Sep - 23:23


j'propage le virus et j'vends le vaccin.

statue immobile à qui on coupe les deux bras. il reste pourtant accroché, poupée statique craignant de s’approcher, craignant de reculer. il met rarement le pied ici mikey, il y a trop de rêves volatilisés sur l’autel de l’injustice dont il était le bourreau invisible. ça le frappait, à chaque fois qu’il jetait un coup d’œil aux posters, au rose pastel d’une innocence bousillée, embrassée de plusieurs coups de poignard. il y venait pas, et si ça ne tenait qu’à lui, il en aurait fait une chambre d’amis pour ne surtout plus y penser. c’était loin,
c’est ce qu’il pensait du moins. c’est plus important. c’est passé, acté, marqué sur la peau comme un souvenir fardeau dont il ne pourrait pas se défaire. ode, il l’avait plus revu depuis que sa mère avait balancé ses affaires sur le trottoir, qu’il était resté mortifié et atrocement silencieux.
et comme ça serait mal venu de lui demander comment elle va ; il ne dit rien. jusqu’à la première invective, le premier coup depuis longtemps. sûrement pas le dernier.
- non ça m’arrive pas ; j’préfère me laisser entretenir tu devrais le savoir. mauvaise réalité qu’il dissimule faussement derrière un rictus bourré d’ironie. il a pas l’intention de rendre les armes mikey, il en oublierait presque à quel point il est désolé. à moitié seulement; en réalité, il est juste désolé de la tournure des évènements.
il a un désir fasciné pour cette fille; il a pas oublié mais ça lui saute aux yeux maintenant qu’elle est là. il y a tout qui se déconnecte. qui se perd. qui s’ébranle. ode c’est le feu ardent qu’il a jamais su éteindre. le feu qui fout en l’air toute une forêt. alors mikey, il respire un peu moins fort qu’à la normale. il y a tout. tout qui lui revient péniblement en tête. torture ordinaire qui l’empirait considérablement. il aurait dû la voir pour ce qu’elle était: une gamine.
ce qu’elle est toujours: une gamine.
il se pince la lèvre, incapable de se mouver correctement. d’occuper l’espace. ça lui embouche un coin, plusieurs coins pour être honnête.
alors il percute pas ce qu’elle dit; pas tout de suite. quoi ? il passe hésitant ses doigts contre ses joues puis son menton. il lui faut pas longtemps pour comprendre que son entretien vient de tomber à l’eau mikey. il allait quand même pas se pointer avec un horrible pansement sur la tronche. il avait plus seize ans; il avait passé l’âge de passer pour un débile à la peau poisseuse. putain, de. merde. c’est pas encore demain qu’il ira travailler.
son bras passe dans le couloir pour s’attraper un mouchoir. mouchoir qu’il presse comme s’il souffrait d’une hémorragie après un accident de voiture. il quitte pas ode des yeux, pas un seul instant. comme s’il craignait qu’elle s’évanouisse dans un onirique séisme intérieur. d’avoir imaginé la scène jusqu’aux plus infimes détails. d’un territoire à l’autre, d’une salle de bain aseptisée à une chambre pour enfant.
- t’as besoin de quoi ? ça m’étonnerait fort que ce soit une visite de courtoisie. lucide histoire, il a oublié son sens de l’hospitalité sur le parking. quelque part entre sa cupidité et son allégresse. nuisible au point de se confondre dans un soupir enchanté pour lui, déplaisant pour elle.
mascarade sérénade.
il avait gagné mikey; mais il avait la victoire amère. ça lui restait en travers de la gorge comme un sac plastique.
il jette un œil au mouchoir à présent imbibé de sang, fronce les sourcils.
il aurait pu rire de la situation, formuler d’acceptables excuses pour désamorcer la bombe. c’était pas son genre; et c’était pas non plus son genre de les accepter.
- tu t’en sors ?
il ferme la porte de sa chambre,
consciemment,
il a jamais supporté de la laisser partir mikey alors il fait avec - les considérations qui viennent trop tard.

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