Les mots raturés, noircis par l'encre qui coule, qui bave, qui hurle sa médiocrité sur la page autrefois immaculée. « C'est pas compliqué pourtant ! » Il le sait, il le voit. Michelle y arrive, David y arrive aussi, alors qu'il est si mauvais en mathématiques. « Le l jusqu'à la troisième interligne et le a seulement à la première. Et puis suis les lignes, c'est pas fait pour décorer ! » Le truc c'est que son stylo lui fait mal à force de le serrer dans son petit poing, que l'encre s'étale sur toute sa manche, que les lettres le respectent pas. « Recommence la ligne des S majuscules Alistair. On dirait des vagues écrasées. » Il en a marre, parce qu'il comprend pas comment c'est possible de se concentrer autant et de pas y arriver à ce point. Il veut juste passer à autre chose, faire de la science ou du basket, c'est bien le basket. Il a six ans et dans sa tête ça sert à rien. Grondement de rage, crayon à terre ça éclabousse des taches de haines et des j'veux pas de gosse pourri gâté. « Tu ne sauras jamais bien écrire Alistair Brythe. »

À y repenser, la vraie question c'est de savoir qui de l'enseignante ou des lignes à copier était le monstre le plus détesté.

La vitesse est grisante, affolante, complètement inconsciente. Alistair n'en a rien à faire, arrangement avec le père si il se fait flasher, des remontrances, même pas d'amande. La vitesse, le moteur qui ronronne, les roues qui dévalent l'asphalte brûlant de fin d'été ça le rassure, le calme. Perdre le contrôle il connaît pas, les accidents c'est comme les cauchemars, il faut juste être un enfant pour y croire. 200 miles à l'heure, c'est de la folie, c'est sa folie, sa voiture, ses conneries. Ses mains frémissent sur le volant léger, ses pieds refusant d'appuyer une quelquonque fois pour ralentir. Les paysage défile derrière la vitre teintée, des collines rougoyeantes au soleil déclinant, l'éclat de la mer aveuglant et le ciel arborant des couleurs psychédéliques. C'est beau mais il ne regarde pas Alistair, il reste concentré sur les battements de son coeur. Il pense à Victoria et sa robe bleue de hier soir, leur ballade sur la plage et son rire jusqu'aux étoiles. Elle est parfaite Victoria, c'est lui qu'a un problème, qui dérègle, qu'est pas net. Dans un cri de rage, grondement bestial presque, il frappa son volant, klaxonnant du même coup la bagnole minable devant lui. Faut ralentir Alistair. Ralentir sur tout. Il freine légèrement, laisse la route reprendre le dessus, comme un vieux maître fatigué. Victoria elle le fait pas rêver comme il faut, elle a pas ses yeux couleur nuit, sa passion insensée pour la littérature, elle lui fait pas pendant des heures la lecture, de sa voix cassée mais qui lui affole un peu trop son coeur dément. Victoria c'est pas Celest, merde Alistair on est pas dans Roméo et Juliette. Il soupire, regrette une cigarette. Le compteur s'égare sûrement, 210 miles a l'heure dans l'palpitant.    

january... Vic (13th)
february...
march... mom (4th)
april... andré (6th but such a dick)
may... Raph (7th to forget obvioulsy)
june...
july... liv (1st can't forget)
august... dad (27th)
september...
october...
november... me (1st kidding)
december...

To add... Celest, stupid lil bro.
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Beaucoup de trucs, de l'irrationnel, de l'insensé, pour éviter de voir le temps passer. Faire de l'humanitaire, partir loin pour revenir, comme d'habitude. Aller en Afrique, en Asie, là où ça va pas, améliorer les choses parce que si c'est pas lui ça sera personne. Escalader l'Himmalaya - y perdre deux trois doigts à cause du froid - apprendre à parler autre chose que l'anglais, s'acheter une autre voiture hors de prix même si l'actuelle marche beaucoup trop bien. Apprendre à cuisiner autre chose que les pâtes à la sauce tomate industrielle, tomber amoureux de Victoria, oublier Celest, être promu chef de service. Trouver un remède aux cancers, à Alzeihmer et Parkinson si y'a l'temps. Avoir des enfants peut être ? Défoncer la gueule de Trump, définitivement. Adopter un chien.   

« always do better » celui qui change pas, musique rituelle, ritournelle d'enfance pour finir gravée dans la tête. Toujours plus haut, toujours mieux, toujours plus admiré et admirable. Ce qui donne l'envie de se dépasser, de se lever quand ça fait cher, de vivre un peu plus fort chaque jour.  

« go on pirate » douze ans, des rêves pleins la tête, un oeil caché par un bandeau noir et un - faux - sabre brandit au ciel comme un bras d'honneur contre l'autorité. Des enfants.

« tout ce ptn de serment d'Hyppocrate trop long pour toi » parce que c'est signé, juré, respecté. Une fierté indéfinissable, et que le grec ça donne ce petit air intellectuel qui fait craquer.

Roulette SYSTEM OF A DOWN
Pavel Dovgal FAUST
Time INCEPTION BO
Nevermind DENNIS LLOYD
Route 66 PEGGY SUAVE
Clair de Lune DEBUSSY  

le cinéma en noir & blanc, la boxe, l'hôpital, Celest, les étoiles, boire une bière avec des potes, San Francisco, la mer, les sensations fortes, fumer même si ça détruit les poumons, le piano, exploser la facture d'eau en restant deux heures sous la douche, Elizabeth Taylor, le café chaud, le bruit de la pluie, les belles voitures, les nuits blanches contre les jours noirs.