Il m'a dit oui, j'ai le droit de dormir chez Lola, évidement, s'il m'avait dit non, j'aurais surement fait le mur puisqu'avec elle on avait déjà tout organisé, mais comme il m'a dit oui, pas besoin de faire le mur et de le fâcher une fois de plus, il est dans un bon jour, il va avoir la maison pour lui et sa femme, c'est peut-être pour ça qu'il à dit oui si facilement, pour pouvoir être seul avec elle et… berk. Je trace en chemin, facile pour moi la petite sportive, enfin, petite, je suis surement plus grande que beaucoup de filles plus vieilles que moi, personne ne devine mon âge, tout le monde me pense plus vieille, tant mieux, ça m'arrange quand je sors. Je marche vite, je cours presque, je suis à l'heure bien sur mais j'ai tellement hâte, Lola c'est ma petite copine, ça fait six mois qu'on est ensemble et je suis super bien avec elle, on s'entend bien, tout est parfait, mon premier vrai amour, je l'aime c'est clair, et grace à elle j'assume mon gout pour les filles, même si je m'en doutais un peu avant elle. Me voila devant chez elle, je suis en jean basket et top fantaisie, pas de sac pour dormir, pas de produits, pas de pyjama, on à notre truc, je piquerais son gel douche demain, bref, on s'arrange toujours et ça m'évite de trimballer des affaires, puis je crois j'ai un truc ou deux chez elle que j'ai oublié. Je frappe à la porte et j'attend sagement, elle est toute seule normalement, on va être tranquilles, il fait beau, il fait encore chaud, je sais pas trop ce qu'on va faire mais je sais déjà qu'on va camper dans son jardin, c'est débile, ça fait gamin de camper dans le jardin, mais on veut profiter des étoiles, de l'été avant que l'automne arrive. " C'est Gypsy, ouvre la porte Lol ! " Portable en main, tu regardes l'heure, t'as quelques minutes d'avance, tu souris déjà, l'entendant qui arrive derrière la porte.

Ce soir, la maison est vide. Pas de télé allumée, pas de Noah dans les parrages puisqu'il a décidé de passer la soirée dehors. Oui, pour l'instant, l'appart est silencieux mais il ne le restera pas longtemps. C'était prévu depuis quelques jours avec Gypsy, on s'était dit qu'elle viendrait passer la nuit à la maison et qu'on squatterait peut-être le jardin dans l'espoir de voir les étoiles avant de fermer les yeux et de tomber dans les bras de Morphée. Gypsy, c'est ma petite copine. Un coup de coeur, un amour, une fille que je lâcherais jamais. Six mois ensemble, c'est six mois que j'ai pas vu passer et c'est pas étonnant vu le bonheur que j'éprouve... Bon, on se dispute parfois, on se boude pour des conneries mais Gypsy... ça reste Gypsy, ça reste ma petite-amie super cute qui sait comment me consoler quand je me prends trop la tête avec les cours et que je réalise que j'aurais sûrement pas l'avenir que j'aimerais avoir. Si j'ai pas de bonnes notes, j'aurais pas un bon métier. Il me restera plus qu'à demander de l'argent à papa ou maman, ou à me fiancer à un vieux riche dégueu comme dans les films... et jamais de la vie ! Je squatte l'un des transats qu'on a dans le jardin, un écouteur dans l'oreille droite, mon iPhone cassé dans les mains. J'écoute ma playlist d'été, une playlist que je me suis faite quelques jours avant pour bien me mettre dans l'ambiance de la saison et il faut dire que j'adhère pas mal. Mon téléphone vibre dans ma main, c'est Gypsy. Je me lève sans lui répondre puis je lui ouvre la porte, l'accueillant dans cette demeure qu'elle connait déjà bien, la demeure de mon frère. C'est pas un palais mais c'est cool, même si ma chambre est trop petite. "Ça va ? Ton père a pas trop râlé ?" J'enlève mon écouteur et je le pose sur l'étagère dans l'entrée, puis je l'accueille dans mes bras pour lui faire un petit câlin de bienvenue tout en embrassant tendreusement sa joue. Si un jour on m'avait dit que je serais amoureuse d'une fille, j'y aurais pas cru. Jamais de la vie.

L'amour avant je m'en fichais, j'ai pas honte de le dire, avant Lola, je regardais un peu les filles c'est vrai, mais je me voyais pas avoir une petite amie, je pensais au sport, à sortir un peu, m'amuser et tout le reste, mais depuis que je la connait, tout à bien changé dans ma vie, en bien, que du positif. On forme un beau couple il parait, il parait qu'on va bien ensemble, qu'on dégage un truc, c'est les copines qui le disent, moi franchement, je me pose aucune question, je l'aime, elle m'aime, ça me suffit, le reste, on s'en fou, le temps passe, fait son oeuvre, six mois déjà, et j'espère qu'on va tenir encore plus. Elle vient m'ouvrir, je souris comme jamais, j'ai beau l'avoir vu au bahut, rien à faire, elle me donne la patate rien qu'a la voir, j'entre un peu, lui laisse poser son portable et j'ai le droit à mon câlin, puis un bisou sur la joue, j'en rougis comme toujours, mes yeux pétillent, et notre étreinte s'arrête, mais je reste près d'elle, comme une enfant qui colle son papa, juste pour pouvoir renifler son doux parfum. " Trop facile, il a dit oui tout de suite, je pense qu'il voulait la maison avec sa grosse, du coup ça l'arrangeait que je sois pas là ! " Pas vraiment un secret, j'aime pas ma belle mère, mais je suis pas là pour parler d'elle, ou de mon père, j'avance dans la demeure de Lola, regarde un peu partout, par reflex, rien à changer je sais mais j'aime bien, la décoration est banale mais voila, c'est chez ma Lola et je suis toute émerveillée ici. " Tu faisais quoi avant que j'arrive ? " J'essaie de faire la conversation, parler un peu avant de la câliner et de l'embrasser à en perdre haleine, je souris, la regarde, avant vers le salon, puis, je me laisse tomber sur le canapé, les jambes à moitié dans le vide, mon portable toujours en main, j'attend qu'elle vienne me rejoindre pour papoter un peu.

On a trois ans de différence. Tout le monde le sait, c'est absolument pas un secret pour qui que ce soit. On est des filles et on assume notre relation complètement, que ça plaise ou déplaise à certains. Je suis arrivée à San Francisco il y a autour de dix-mois, c'était la fin 2017. J'étais seule, j'avais pas trop de potes puis j'ai rencontré Gypsy dans la cour de récré. Si l'école ne rassemblait pas collège et lycée, je serais passée à côté de l'opportunité de la rencontrer. Elle est douce, elle est un peu fofolle, elle est marrante et elle fait plein de conneries... comme moi. J'aime par-dessus tout son caractère, elle se laisse pas marcher dessus, pas du tout. C'est une bombe à retardement, tout comme moi. Et tout ça, ça me plaît.

Un câlin, un bisou sur la joue. Je lui fais voir à quel point sa venue me fait plaisir mais ça, elle doit s'en douter. C'est la même chose à chaque fois qu'on se voit, de toute façon. "Elle squatte encore ta maison ?" Je ris comme une débile de sa situation pendant que je ferme la porte. Elle supporte pas sa belle-mère, je sais ce que c'est. Ma mère a enchaîné les mecs, et Dieu sait que je les ai pas tous portés dans mon cœur. Heureusement, la vie chez Noah n'est pas la même. "Je tapais bronzette dans le jardin en écoutant du Justin Bieber. La base, tu sais ?" Je laisse mon téléphone dans l'entrée. On s'embrasse, je surenchéris puis elle me quitte. Je la rejoins dans le canap, je prends place à ses côtés. "Noah est pas là, il risque de rentrer dans la nuit donc... on est entre filles. T'as faim, t'as soif ?"

Notre différence d'âge ne se voit pas, ne se ressent pas, pour moi en tout cas, on est pareilles, je me dit jamais que j'ai trois ans de moins qu'elle, ou qu'elle a trois ans de plus, ça ce voit pas du tout, on ressent les mêmes choses, on est d'accord sur presque tout et même si parfois on se chamaille, c'est jamais très méchant, ça arrive et c'est normal, une broutille, un désaccord et on s'engueule un peu, mais très vite l'une revient vers l'autre et c'est oublié, c'est surement ça l'amour, je sais pas trop, Lola est ma première relation, première fois que j'aime autant quelqu'un, première fois que je me sent libre d'être comme je suis. " Grave, et je crois qu'elle risque même d'emménager avec nous, fais chier mais c'est une suite logique, mon père l'aime, elle l'aime, mais moi je l'aime pas, mais je compte pas dans l'équation, il est heureux, je devrais être contente pour lui, je le suis, mais voila, elle est chiante avec moi... " Elle est contente de me voir, je le sais, je le vois, ses yeux sont comme les miens, ça brille, son sourire, ses joues rosées, j'adore ça chez elle. Je me jette sur son canapé, comme chez moi, les jambes sur l'accoudoir, minimum de respect, pas les pieds sur le canapé, elle vient contre moi et je souris, me blottie tout contre elle, allongées, on est bien là, mais elle compte pas rester là vu sa question. " Je préfère Eminem, son dernier album est top...pas soif ni faim, pas pour l'instant ! " Je me tourne un peu, mes yeux se posent sur son visage, je la regarde, l'admire, me dit qu'elle est tellement belle, une de mes mains vient lui toucher le bout du nez d'un doigt et je ricane, je sais pas pourquoi. " Puisqu'on est seules, tu veux faire quoi ? "

J'ai jamais eu de belle-mère, mais je sais à quel point c'est chiant de voir ses parents se mettre avec d'autres personnes. Ma mère n'est pas quelqu'un qu'on peut appeler de stable. Elle enchaîne les hommes (et c'est sûrement la raison pour laquelle dans la famille, on a rarement le même père), contrairement à mon paternel qui lui est célibataire depuis ma naissance. Bon, j'ai déjà trouvé des affaires de femme chez lui, mais là n'est pas le sujet... "Pauvre gosse... Dis-toi qu'au moins, si jamais t'as pas envie de voir sa face, tu peux toujours venir squatter ici. Noah s'en fout en plus." J'essaye de la réconforter comme je peux, je sais que lui faire savoir qu'elle est toujours la bienvenue à la maison lui fait forcément plaisir, et il faut dire que c'est loin de me déranger aussi. Noah bosse pas mal donc rester seule, c'est jamais le pied.

On se met bien sur le canapé. Télé éteinte, on discute de choses et d'autres. Elle me demande ce que j'écoutais, je lui parle de Justin Bieber, mon petit crush de toujours. Bon, j'ai eu ma petite période fan-girl comme toutes les filles, je crois. Ça m'est passé mais je continue d'écouter certains de ses sons... surtout les derniers, ils sont plutôt cools. "Eminem, c'est..." Je lui tire la langue en signe de dégoût, voulant évidemment l'embêter un peu. Elle est mignonne, Gypsy, elle me fait rire pour un rien. "J'sais pas... On peut aller se baigner dans le jardin, on peut regarder la télé, cuisiner un truc pour ce soir... ou on peut jouer à la Play. Qu'est-ce que Mademoiselle Loloma préfère ?" Je la regarde d'un air sérieux, me retenant de ricaner. Son nom me fait toujours marrer, putain. "Loloma... Dieu t'aime pas, toi, pour te donner un nom pareil."

Je l'écoute, bois ses paroles comme du petit lait, je sais pas pourquoi mais elle pourrait me parler des heures que je l'écouterais sans fatiguer, elle est belle, là, tout contre moi sur ce canapé, blottie contre elle, je suis aux anges presque. On parle de ma belle mère, sujet que j'aime pas aborder mais avec elle ça sort tout seul, je me plains, elle m'écoute, me réconforte comme elle peut et me dit que je peux venir ici si besoin, ça me touche, même si je le savais déjà, c'est doux à entendre. " Je sais bien, mais mon père me laissera pas forcément squatter ici trop souvent... " Pas de télé, pas de musique, juste le silence et nous, on parle, de tout, de rien, plusieurs sujets à la fois, on s'en fiche, on se comprend et on profite, pas besoin de plus, juste elle et moi, c'est ça le meilleur. " C'est top ! " Je ricane avec elle, Bieber j'aime bien aussi mais je raffole pas non plus, je ne suis pas non plus fan de Eminem ou de qui que ce soit, j'écoute ce qui sort, les hits qui passent à la télé ou radio, j'aime tout les styles sauf le métal. " T'as de bonnes idées j'avoue, on peut aller se baigner puis faire à manger, ensuite on met un film ou on joue à la play, peu importe, pas forcément cet ordre, c'est comme tu veux... " Et la, elle se moque de mon nom, je sourit, mais je rigole pas trop, d'accord il est bizarre mais j'ai pas choisit, mais bon c'est gentil, je le sais alors je vais pas me vexer non plus, je lui fait une mine boudeuse et je sourit à peine deux secondes après. " Parce que Gypsy c'est pas étrange en prénom, j'ai l'impression d'être né en soixante neuf pendant le flower power ! " Auto dérision, je rigole doucement, mais c'est pas faux, j'ai un prénom original, et un nom peu répandu, mais c'est comme ça.

"Depuis quand est-ce que t'écoutes ton père, toi ?" Je l'embête un peu, je la provoque gentiment. Je sais que parfois, les relations avec son père sont tendues. Vaut mieux en rire qu'en pleurer, non ? On a tous des problèmes avec ses parents, moi la première. Je suis venue à San Francisco parce que mon frère m'a fait une promesse que je n'ai pas pu oublier, mais aussi et surtout parce qu'avec mes parents, ça n'allait plus. Avec mon père, ça va, on est proches mais il a tendance à trop s'absenter à cause de son travail. Ma mère, par contre... On s'aime, on se déteste. J'ai préféré m'en éloigner plutôt que continuer à m'engueuler avec elle comme on en avait pris l'habitude. "Non, sans rire. Si tu peux pas venir, on pourra toujours se Skyper, ou faire des FaceTime. Puis sinon, je pourrais venir, moi, si tu veux." Je lui donne un petit coup d'épaule, pas pour la déranger mais plus pour lui montrer que je suis là pour elle et que je le serais toujours. On a beau souvent rire, je sais prendre certaines choses au sérieux, surtout quand ça la concerne.

L'été, c'est cool, il fait chaud. Mais qu'est-ce qu'on se fait chier, surtout quand l'école n'a pas encore repris, surtout quand on s'ennuie et qu'il n'y a rien à faire. J'ai proposé mes idées. Gypsy semble les aimer puisqu'elle organise tout ça dans un ordre spécifique... Se baigner, manger, aller devant la télé. Un bon programme quand on y pense puisqu'il est encore assez tôt pour se baigner, et quand il commencera à faire noir, on pourra entrer cuisiner et passer un petit bout de soirée devant la télé.  "Chiche ?"

Je me moque de son nom. Je pourrais me moquer de son prénom, mais je suis trop gentille pour ça. Gypsy Loloma... "T'as de gros Loloma... Gypsy !" Blague comprise ou non, je me mets à taper une barre comme pas possible avant de soudainement me lever du canap comme si une guêpe m'avait piquée. J'enlève mon haut, j'enlève mon bas pour me retrouver en sous-vêtements. Je donne un petit coup de pied dans mes fringues qui traînent au sol puis je me tape un petit sprint jusque la cour où on a installé une petite piscine avec Noah. J'entre à toute vitesse dedans, ricanant. L'eau est bonne, merci le Soleil.